En 2025, l’économie des Hauts-de-France signe une reprise solide mais sous forte tension numérique. La CCI note que 67 % des dirigeants placent la modernisation IT dans leur trio de priorités stratégiques, juste derrière la décarbonation et le recrutement. Problème, la rareté des compétences, la dette applicative et l’accélération cloud transforment chaque projet en des parcours d’obstacles, pas toujours évidemment à appréhender pour des PME notamment. Tour d’horizon de cinq défis qui rendent les nuits des DSI locales un peu plus courtes… et des pistes pour y répondre sans (trop) y laisser de plumes !
Legacy applicatif, dette technique et rareté des compétences : un trio toujours d’actualité
Dans les Hauts-de-France, comme un peu partout, des ERP écrits en COBOL côtoient des micro-services flambant neufs. Le patrimoine applicatif régional est un mille-feuille où chaque couche complexifie la suivante.
Fin 2024, le Cigref soulignait que 59 % des grandes entreprises françaises jugent leur dette technique « bloquante » pour l’innovation. Or, dans les Hauts-de-France, l’offre de talents n’évolue pas au même rythme. L’Apec anticipe en effet une pénurie persistante de profils cybersécurité et data d’ici 2030.
Résultat, on prolonge la vie de vieilles briques faute de main-d’œuvre pour les refondre, et on crée ainsi un cercle vicieux.
Cloud hybride et rationalisation : des arbitrages complexes chez les industriels et retailers
Entre Lille et Valenciennes, de nombreux groupes jouent la carte cloud hybride : garder les applications critiques on-prem pour la souveraineté, et basculer l’e-commerce ou l’analytique dans le cloud public pour la flexibilité.
Pourtant, encore une fois, le Cigref avertit que 47 % de ses membres réévaluent leurs migrations « à tout crin » faute de ROI clairement mesuré.
Dans la distribution textile comme dans l’agro-alimentaire, la question devient « quelles charges déplacées génèrent un vrai avantage concurrentiel ? »
Sans FinOps rigoureux, la facture mensuelle peut grimper plus vite que le chiffre d’affaires en ligne, et le CA cloud atterrire dans la colonne « Opex surprise ».
Mieux piloter les projets IT : la recherche d’un PPM plus pragmatique
La gestion des portefeuilles et ressources avec des feuilles Excel a atteint ses limites (retards à répétition, priorités floues, charge cachée, etc.). Les DSI récemment sondées par IT for Business placent la gouvernance de portefeuille dans le top 3 de leurs préoccupations 2025.
Las des usines à gaz, elles explorent des PPM « light » avec intégrations natives via Jira ou GitLab, des vues Kanban pour le COMEX et des indicateurs de capacité temps réel.
L’enjeu ? Trancher entre l’urgent et l’important sans y passer la journée… ni le budget d’un nouveau module ERP.
Comment les PME et ETI locales s’appuient sur des DSI à temps partagé
Autre sujet, le temps partagé. Le profil de « fractional CIO » séduit de plus en plus d’enteprises. Au lieu de recruter un DSI senior rare (et cher : 150K€ de salaire annuel en moyenne pour un DSI en 2025), on s’attache ses services deux jours par semaine.
Ce dernier met généralement en place :
- un cadrage stratégique,
- des ateliers d’urbanisation
- et du coaching des équipes internes.
L’entreprise gagne ainsi une vision à 360 °, et le manager expérimenté multiplie les missions. Un mariage de raison alors les salaires IT s’envolent.
Enjeux RH : la gouvernance IT ne peut plus être déconnectée du management
Diriger une DSI, c’est aussi piloter des talents. IT for Business consacre d’ailleurs son dossier de juin 2025 à la tension entre « pen shortage » et attentes salariales record.
Les responsables régionaux misent sur l’alternance, la reconversion et la formation interne pour sécuriser leurs roadmaps.
Au-delà des skills, la question est culturelle : comment instaurer un mode produit dans une usine de traitement thermique ? Comment convertir un backlog agile en feuille de route parlante pour le CODIR ?
La cohésion devient KPI, au même titre que l’uptime.
Exemples de sociétés de conseil IT bien implantées dans la région
Les grands cabinets nationaux sont présents, mais des acteurs enracinés connaissent la réalité terrain. Une approche combinée du conseil IT et de l’accompagnement managérial comme chez Projexion peut alors faire la différence.
Autres acteurs locaux reconnues : Bakertilly, cabinet de conseil en transformation digitale basé à Lille, ou encore Norgatec Consulting, cabinet de conseil en stratégie & organisation.
Cinq défis, un fil rouge : l’alignement business
Dette technique, arbitrages cloud, pilotage PPM, DSI partagée, gouvernance RH… ces cinq défis semblent différents, mais convergent vers un même impératif : aligner l’IT sur la stratégie, vite et bien, sous contrainte de budget et de talents.
Les entreprises des Hauts-de-France qui réussiront seront celles qui mesureront le risque dès le cadrage, assumeront des choix clairs (moderniser ou encapsuler, internaliser ou partager), et s’entoureront de partenaires capables de parler cash (technologie et humain).
La bonne nouvelle ? Les ressources existent, parfois à deux stations de tram : encore faut-il oser les mobiliser avant que le backlog ne déborde 😉 !
